BUSCLATS
BUSCLATS
A Dominique de Villepin et René Char
Dans le petit cours d’eau
Où coule reposé sur les murs humides
L’isle-sur-le-sorgue
Je viendrai souvent cantater
Les douces élégies du mari de Marie-Claude
Oui les douces mélodies du père de Marie
Joseph dont le timbre chaud et frais
Se partage dans les jardins des busclats
Ô Dominique ! Ô mon unique !
La rose qui émerveille le jour
Repose en douceur chez Char
Tu vogueras sur l’isle-sur-le-sorgue
Marie-Claude te servira un peu de café
Marie suivra un peu ton côté café
Je te demanderai de ses nouvelles
Si elle aime si elle t’aime si elle m’aime
Char te jouera sur son orgue
La chanson du petit enfant
Qui sommeille sous le feu
Et qui rêve d’avoir pour toi
Comme père et comme mère
Tu sais la fois dernière
J’ai demandé à René Char
Pourquoi tant de pleurs
A me voir jacter dans la cité
Dis-lui mon cher énarque mercurien
Dis-lui qu’il est difficile
De ne pas plonger sa plume
Dans l’encre rouge cendre de la vie
Moi je ne sais pas à quoi me servira la vie
S’il faut passer son temps à dessiner le ciel
Quand des gens ont des ventres vides
S’il faut s’émouvoir des roses qui se pâment
Quand des gens meurent sans instruction
Toi qui a connu le sceptre de la divinité
Dans les jardins heureux d’Elysée
Essaye de lui faire comprendre
Que ce n’est pas facile de rester là
Dans son petit coin à compter
Par vers tous les traits de sa main
Quand dans la rue des gens déjeunent du jeûn
Ou bien à défier les vols d’oiseaux
Comme le voudrait Théophile Gautier
Quand des gens font des kilomètres pour l’eau potable
Je marche maintenant vers des certitudes
Notre poésie folle sœur de notre vie
Sera sauvée de l’hôtel des décombres
Rasure-toi mon cher bien honoré Char
Le pharaon et ses six cents chars
Rattraperont les morveux qui se mouchent sur nous
Ils désarmeront ces monstres affreux
Du sabre bubonique qu’ils détiennent
Pour les jeter dans le feu sans fin
Ô Dominique ! Ô Vates de l’humanité
« C’est toujours dans les lettres d’un homme
Qu’il faut chercher, plus que dans les autres
Ouvrages l’empreinte de son cœur
Et la trace de sa vie » Victor Hugo
Cette leçon ne vaut-elle pas bien
La peine d’être connue et reconnue ?
Ô Dominique ! Ô Char ! Ô Vates de l’humanité
La seule façon d’honorer les busclats et les pommiers
C’est de conduire mes cendres à l’éternité.