CONFESSIONS
<< Alors, les yeux des aveugles
Commenceront à voir, les oreilles
Des sourds s’ouvriront>> (Isaïe, 35)
Voudrait-on tout savoir
Sur la vie d’un homme
Que j’aurai été toute ma vie,
Voudrait-on en savoir plus ?
Voudrait-on se faire une petite idée
Sur ce qu’auraient été mes piétinements
Mes audaces, mes risques, mes petits riens
Voudrait-on en faire le point ?
Voudrait-on enfin tirer au clair
Ce qu’aurait été plein de paradoxes
Pour d’autres, pour moi aussi paradoxe
Cette vie qu’on voudrait savoir ?
Voudrait-on ne plus conditionnaliser ;
Alors, loin des lignes
Alors, loin des flatteries
Dirait-on qu’on sert enfin de partie ?
Voudrait-on! Non! Garder à l’histoire
Un flash pour nos oublieuses mémoires
Voudrait-on être tranquille avec soi
Voudrait-on interroger ce qui a lézardé mon mur ?
Que n’aurait-il pas tout vu, tout entendu
Que n’aurait-il pas tout touché, tout coché
Que n’aurait-il pas tout jugé, tout jaugé
Que n’en aurait-il pas tout compris ?
Ses petits yeux piégeaient les insectes
Les petites mouches, cafards, piégés
Par lui ; le patron dont le dialogue
Ne s’est jamais fait construire.
N’est-ce pas finalement à ces riens
Vivants qu’il faudrait se tourner
Pour mesurer toute une existence
Peser, soupeser toute cette existence ?
Dans la chambre, au gazon verdoyant
Il y a plus que moi, plus que mes fidèles
Il y a le temps qui filtre tout
Désolé de ce verdict qui ne se rend jamais.
Dans ce regard fixe, détendu
Il y a le témoignage du lézard,
Du chien, du chat, du cheval,
Désolé d’un délibéré sans jour.