LAC DE MEMOIRE
LAC DE MEMOIRE
< Demain, ne sera pas gagné sans effort, mais au prix d’une concurrence, d’une compétition, d’une émulation qui exigeront le meilleur de nos forces > (Dominique de Villepin, Le Cri de la gargouille)
Apres tant d’années courues
Me voici seul dans ma chambre ;
Tout ce qui fut liquide, biscornu
Devient solide dans cette chambre.
Ma pensée a mûri. L’âme aussi.
Tout ce passé de lecture, arrive
A sa maturité. L’écriture aussi.
Tout coule et le bien m’arrive.
Ma vie littéraire s’est épanouie ;
Elle ne reculera plus jamais ;
Commence sans doute une à jamais
Avec son pile face qui reluit.
Je n’ai pas encore tout lu ;
Mais DIEU merci pour cette curiosité ;
Tous ces maîtres d’ici, d’ailleurs, lus ;
Tous, qui me construisent mon identité.
Quel conseil donnerais-je aux cadets :
S’instruire de bons livres. Se cultiver.
Nous, nous le faisions sans calculer
En ces jours, leur fruit est sans calculer.
Je n’aurais jamais lu un arlequin
Ni un Sas. Grandi dans l’orthodoxie
Des grands penseurs ; me voici requin,
Sélectif de livres utiles sans anorexie.
Que la jeunesse déteste tant les bibliothèques ;
Qu’elle y aille par pur contentement
Me parait étrange ; tant, sans errements,
Il y a un bonheur à être dans la médiathèque.
A Etoa-Meki, depuis juillet deux mille six
Dans cette solitude des choses mondaines
Y a la solidarité des choses universelles
Toute une vie à bâtir : un plus six.
Que demain, on se demande : est-ce lui ?
Oui. Bien sur ; c’est moi. C’est d’Etoa-Meki
Que tous ces feux sont nés ; et qui
Saura que ce fut en pleine misère ; seul lui
Lui ; mon ami Ngangué Yves Junior
Qui partageait ma chambre ces brumeux jours
Me voyant lire, relire, ajuster ces ors
Afin d’être à la page un de ces jours.
O vous qui lirez ces souffles d’Etoa-Meki
Dites-vous : la jeunesse n’est pas que buvarde.
Une est née avec des ambitions grandes ;
Mais humble, discrète sans rififi.
Celle-là veut broder l’universalité ;
Elle est déjà consciente de ses responsabilités
Elle ne craint plus de choisir son camp
Parlant peu ; mais parlant à temps.
O Etoa-Meki, sanctifie de ton sang
L’ouvrage qui est né de tes entrailles
Que cela puisse servir aux frères de sang
De génération en génération sans paille.
Je suis né pauvre ; fils de pauvres
Mais le désir de changer est profond ;
Et ce désir O Etoa-Meki est profond.
Veuille exhorter ces autres fils de pauvres.
Que dans ce monde où règnent les riches
Seul le travail ; seule l’audace tempérante
Fera notre lit ; et nous portera dans les éthers
Loin du Léthé nous écrasant jusqu’à terre.
Le mouvement ne naîtra guère de l’inertie
Le nouveau monde ne vient sans courage
Au-delà du sabre littéraire et sa rage
Il y a l’Action à poursuivre avec énergie.
Allez lire. Lisez tout ce qui est utile.
Amassez ces richesses, lumières de route
Dans ce monde qui pousse à la déroute
Afin d’éviter le piège de la facilite si futile.
O Etoa-Meki, c’est ici que je suis devenu
L’homme qu’on lira et qu’on connaitra.
Veuille à tous de faire connaître
Nous sommes en route. La promesse est tenue.
O amis, pourra-t-on tisser ce roseau
Avec des à peu près ; est-ce affaire de hasard
Finalement que d’être guide, roseau
Pour les aveugles ? Non, pas de hasard.
Regardons le fruit mûrir tendrement
Ne procède-t-il pas d’une longue alchimie ?
Pourquoi faut-il briser les étapes si banalement
Pour sitôt vite s’éteindre sans être remis ?
Suivons pas à pas la Croix du Sud
O Ngoué/ Elle vogue déjà dans cet azur ;
Plus de regards en arrière ; dans cet azur
Brille en nous l’élixir remontant le Sud.
O jeunesse du monde/ Voici l’eau fraîche
Qui nous coule du Lac de Mémoire
Venons la boire. Oui venez la boire
Et briser l’épreuve du Léthé déjà sèche.
D’autres assureront pour nous la manne
A nous le mouvement. A nous le mouvement.
A nous le mouvement. A nous le mouvement.
Allons vaincre les démons du Lieu du Crâne.