SAUT DE LA MORT
SAUT DE LA MORT
A Josiane Bouinot
30 juillet ! 30 juillet ! O ma tombe !
Trente jouait dans le grimoire de la gueuserie !
Ecoute le grincement des Tinariwen
Sous les fusils et les guitares
C’est l’été ! C’est la pluie d’été ! C’est le déluge !
Qu’en sera-t-il de l’automne avec ses averses !
Qu’en sera-t-il de l’hiver avec sa neige !
Qu’en sera-t-il du printemps avec ses roses !
Partout des grêlons tombent du ciel !
C’est la colère du dieu des armées et des victoires !
Fuyons ces croûtes de cratères ! Allons chez Pluton !
Non ! On ne le voit pas ! Allons chez Mars !
Ô Josiane ! Josiane ! Mon amie !
Ta mémoire n’oubliera pas ces images :
Des enfants handicapés ! Des enfants meurtris !
Des enfants orphelins ! Des enfants replis !
Ces enfants q’on conduit à l’étable et
Qu’aucune main ne suspendra le couperet !
Ces enfants qu’on emballe
Comme des fagots de bois !
C’est pour réchauffer la braise des caveaux !
Ces corps entassées. Ces corps encaissés
Sur des draps blancs trempés de rouge vif !
Du rouge vif enseveli de draps blancs !
Ces enfants qui s’endorment au phosphore
C’est nos enfants, nos doux agneaux
Ces femmes qui s’endorment au phosphore
C’est nos filles, nos sœurs, nos épouses
Ces hommes qui s’endorment au plomb,
C’est nos fils, nos frères, nos époux
Ces âmes qui s’en vont, c’est vous ! Que dis-je, c’est nous.
Pleurez ! Pleure Josiane ! C’en est de trop ! On en a marre !
Des enfants sous scolarisés ! Enclavés ! Kampusch !
Des femmes analphabètes ! Sans liberté ! Bettencourt!
Des hommes sans boulot ! Déshumanisés ! Sans égalité !
Tout ce qu’on trouve de mieux à nous donner
C’est de la merde en plein été !
Que de bombardiers ma Denise Bombardier !
Misère ! Misérables gentils hommes ! Miséreux !
A quoi sert ce riz qui nous salit les corps,
Et cette huile qui sent si mauvais ?
C’est pour redonner la vie à ceux qui sont partis ?
C’est pour reconstruire Jenin roquettée ?
C’est pour rebâtir Tyre destabilisée ?
C’est pour rebâtir Madrid déchiquetée !
C’est pour rebâtir New-York avec ses inoubliées !
C’est pour resanter Shakatwa sidaïser et sidérer !
Sang ! Larmes ! Gémissements de blessés !
Sirènes hurlantes ! Cires lentes ! Déflagrations !
Désirs d’éternité !Désirs de grandeur ! Ô Darmstadt !
Soleil amoureux ! Soleil estival ! Ô Beaver Creek !
Nouveaux maux ! Jeux de mots !Maux morts !
Foutez-nous la paix avec ces aliments qui constipent !
Foutez-nous la paix avec ces dons qui nous blessent !
Foutez-nous la paix ! Nous ne voulons rien de tout cela !
Oui, allez loin de nous ! Nous, Nous voulons la liberté !
Nous, nous voulons la paix !
Regardez tout ceci : ces maisons détruites !
Regardez tout ceci : ces hôpitaux éclaboussés!
Sans blague, c’est pour servir qui ça !
Peut-être un dieu qu’on ne partage pas !
Loin de nous ces urgences qui nous périssent !
Josiane mon amie, pleut-il à Rue Hutchison
Comme il meurt ici à Kandahar ?
A Bagdad la colère s’enflamme dans les rues
On se rue on s’enrhume en rue en ruelle
Avec nos amis les grenades pellent et truellent
Pour accoucher notre beau monde qui se tue
La fin de Katrina nous fera-t-il oublier
Tous ces disparus, ces morts, ces perdus ?
La vie doit-elle être si relativisée,
Si banalisée au point que pour beaucoup
Elle n’ait plus de sens, d’intérêt ?
Notre terre n’est plus qu’un gros gouffre
Rouge où fond notre vie où fond notre souffle
Si notre terre n’est pas encore sodomisée
De partout des grêlons de feu du ciel
Tout laisse croire qu’on s’y prépare activement
Il semble que l’homme soit déjà habitué
A ce genre de pluie diluvienne ! Sommières !
Qu’il attend de plus grand encore !
C’est pourquoi l’extravagance s’extasie !
C’est pourquoi la folie des grandeurs s’épanouit !
C’est pourquoi le tape-à-l’œil se réjouit
C’est pourquoi plus rien n’étonne !
C’est pourquoi mille morts, c’est rien
Par comparaison aux millions qui sont déjà tombés !
Ah ma chère Josiane, c’est fou, l’homme !
C’est vraiment fou ce job de l’homme !
Des décombres qui rient aux éclats !
Des mortiers qui pilonnent sans arrêt !
Tes tabacs asséchés ! Des vignes détruites !
De l’eau fioulée ! Du blé foulé !
Des bombes qui se reposent !
Des bombes explosent!
Des bâtiments pilulent !
Des flottes tractent!
O Josiane ! Quel enfer ! Quelle boucherie !
O Josiane ! Quel carnage ! Quel désastre !
Et c’est l’homme ça ?
Est ça l’homme des lois ?
C’est ça le maître des principes et des idéaux
Qui tous les jours se résout à inventer des lignes
Sans avoir résolu d’autres problèmes ?
Mais quelqu’un a-t-il le droit moral de
Détruire quelqu’un d’autre ?
Quelle nausée ! Quelle connerie !
J’ai peur dans mon cœur
Comme il pleut dans le monde
Qui fécondera encore la vie à Cana ?
Serons-nous encore ces ferments ?
Ô Jerome ! Ô Seal! Ô Johnny Halliday!
Ö Voulzy! Doc Gynéco!
Ô Michael Jackson: they dont take care about us.
Ô soldats le métier est certes de mourir
Mais n’est-il pas aussi de dormir ?
De guerre lasse nous voulons le changement
Pour un monde qui ne respire plus fort
Partout la peur nous habite
Et ses gros yeux effrayants
Ouf ! Pouf ! Touf ! ça semble cuire
Là-bas de ce côté là de la cuisine
Pas d’amis ! Milles ennemis ! Ombres mortelles !
Villes renversées ! Linteaux enfoirés ! Ruines éternelles !
Souvenir anéanti ! Bonheur perverti !
La fumée monte à peine
Dans ce four où tombent des fruits
N’ayant pas encore mûris !
C’est la terre qui s’en réjouit fort bien
L’homme se masturbe la conscience
Dans ce paradis au fruit défendu.
Mais rassurez-vous chers amis
Nous serons là espérez-le.
Nous ne sommes pas encore morts de cette vie
Qui nous ruine pas encore assez vivants
De cette mort qui nous ruine.
Le karcher, c’est vraiment pour les dirigeants!
Mais qui reconstruira en trois jours ground zero ?
Oui malheurs à ceux qui fécondent les guerres
Et se vêtent de vieilles guenilles pour nous tromper
Quand épouses et familles se lavent de pépites d’or
Et les destinataires oubliés et relégués à mourir dans les rues
Pour revendiquer des droits dont leurs maxima ne croient pas
Mais qui rebâtira la nouvelle Jérusalem ?
Personne parce qu’il faudra encore reconnaître le berger
En attendant de reconnaître le vrai berger
Dans le troupeau de nombreux bergers
Peuvent commencer à bâtir Jérusalem
Quitte à ce qu’elle soit recassée puis rebâtie
En attendant dans la gueule du loup
Ça fait peur !
Ça fait trembler !
Ça fait pleurer !
Ça fait consoler !
Ça fait regretter !
Ça fait remonter !
Ça fait oublier !
Ça fait penser !
Ça fait panser !
Ça fait saigner !
Ça fait mourir !
Ça fait vivre !
Ça fait espérer !
Peur sur le monde!