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CONVICTIONS DE MEKOUL
13 août 2007

SAUT DE LA MORT

SAUT DE LA MORT

A Josiane Bouinot

30 juillet ! 30 juillet ! O ma tombe !

Trente jouait dans le grimoire de la gueuserie !

Ecoute le grincement des Tinariwen

Sous les fusils et les guitares

C’est l’été ! C’est la pluie d’été ! C’est le déluge !

Qu’en sera-t-il de l’automne avec ses averses !

Qu’en sera-t-il de l’hiver avec sa neige !

Qu’en sera-t-il du printemps avec ses roses !

Partout des grêlons tombent du ciel !

C’est la colère du dieu des armées et des victoires !

Fuyons ces croûtes de cratères ! Allons chez Pluton !

Non ! On ne le voit pas ! Allons chez Mars !

Ô Josiane ! Josiane ! Mon amie !

Ta mémoire n’oubliera pas ces images :

Des enfants handicapés ! Des enfants meurtris !

Des enfants orphelins ! Des enfants replis !

Ces enfants q’on conduit à l’étable et

Qu’aucune main ne suspendra le couperet !

Ces enfants qu’on emballe

Comme des fagots de bois !

C’est pour réchauffer la braise des caveaux !

Ces corps entassées. Ces corps encaissés

Sur des draps blancs trempés de rouge vif !

Du rouge vif enseveli de draps blancs !

Ces enfants qui s’endorment au phosphore

C’est nos enfants, nos doux agneaux

Ces femmes qui s’endorment au phosphore

C’est nos filles, nos sœurs, nos épouses

Ces hommes qui s’endorment au plomb,

C’est nos fils, nos frères, nos époux

Ces âmes qui s’en vont, c’est vous ! Que dis-je, c’est nous.

Pleurez ! Pleure Josiane ! C’en est de trop ! On en a marre !

Des enfants sous scolarisés ! Enclavés ! Kampusch !

Des femmes  analphabètes ! Sans liberté ! Bettencourt!

Des hommes  sans boulot ! Déshumanisés ! Sans égalité !

Tout ce qu’on trouve de mieux à nous donner

C’est de la merde en plein été !

Que de bombardiers ma Denise Bombardier !

Misère ! Misérables gentils hommes ! Miséreux !

A quoi sert ce riz qui nous salit les corps,

Et cette huile qui sent si mauvais ?

C’est pour redonner la vie à ceux qui sont partis ?

C’est pour reconstruire Jenin roquettée ?

C’est pour rebâtir Tyre destabilisée ?

C’est pour rebâtir Madrid  déchiquetée !

C’est pour rebâtir New-York avec ses inoubliées !

C’est pour resanter Shakatwa sidaïser et sidérer !

Sang ! Larmes ! Gémissements de blessés !

Sirènes hurlantes ! Cires lentes ! Déflagrations !

Désirs d’éternité !Désirs de grandeur ! Ô Darmstadt !

Soleil amoureux ! Soleil estival ! Ô Beaver Creek !

Nouveaux maux ! Jeux de mots !Maux morts !

Foutez-nous la paix avec ces aliments qui constipent !

Foutez-nous la paix avec ces dons qui nous blessent !

Foutez-nous la paix ! Nous ne voulons rien de tout cela !

Oui, allez loin de nous ! Nous, Nous voulons la liberté !

Nous, nous voulons la paix !

Regardez tout ceci : ces maisons détruites !

Regardez tout ceci : ces hôpitaux éclaboussés!

Sans blague, c’est pour servir qui ça !

Peut-être un dieu qu’on ne partage pas !

Loin de nous ces urgences qui nous périssent !

Josiane mon amie, pleut-il à Rue Hutchison

Comme il meurt ici à Kandahar ?

A Bagdad la colère s’enflamme dans les rues

On se rue on s’enrhume en rue en ruelle

Avec nos amis les grenades pellent et truellent

Pour accoucher notre beau monde qui se tue

La fin de Katrina nous fera-t-il oublier

Tous ces disparus, ces morts, ces perdus ?

La vie doit-elle être si relativisée,

Si banalisée au point que pour beaucoup

Elle n’ait plus de sens, d’intérêt ?

Notre terre n’est plus qu’un gros gouffre

Rouge où fond notre vie où fond notre souffle

Si notre terre n’est pas encore sodomisée

De partout des grêlons de feu du ciel

Tout laisse croire qu’on s’y prépare activement

Il semble que l’homme soit déjà habitué

A ce genre de pluie diluvienne ! Sommières !

Qu’il attend de plus grand encore !

C’est pourquoi l’extravagance s’extasie !

C’est pourquoi la folie des grandeurs s’épanouit !

C’est pourquoi le tape-à-l’œil se réjouit

C’est pourquoi plus rien n’étonne !

C’est pourquoi mille morts, c’est rien

Par comparaison aux millions qui sont déjà tombés !

Ah ma chère Josiane, c’est fou, l’homme !

C’est vraiment fou ce job de l’homme !

Des  décombres qui rient aux éclats !

Des mortiers qui pilonnent sans arrêt !

Tes tabacs asséchés ! Des vignes détruites !

De l’eau fioulée ! Du blé foulé !

Des bombes qui se reposent !

Des bombes explosent!

Des bâtiments pilulent !

Des flottes  tractent!

O Josiane ! Quel enfer ! Quelle boucherie !

O Josiane ! Quel carnage ! Quel désastre !

Et c’est l’homme ça ?

Est ça l’homme des lois ?

C’est ça le maître des principes et des idéaux

Qui tous les jours se résout à inventer des lignes

Sans avoir résolu d’autres problèmes ?

Mais quelqu’un a-t-il le droit moral de

Détruire quelqu’un d’autre ?

Quelle nausée ! Quelle connerie !

J’ai peur dans mon cœur

Comme il pleut dans le monde

Qui fécondera encore la vie à Cana ?

Serons-nous encore ces ferments ?

Ô Jerome ! Ô Seal! Ô Johnny Halliday!

Ö Voulzy! Doc Gynéco!

Ô Michael Jackson: they dont take care about us.

Ô soldats le métier est certes de mourir

Mais n’est-il pas aussi de dormir ?

De guerre lasse nous voulons le changement

Pour un monde qui ne respire plus fort

Partout la peur nous habite

Et ses gros yeux effrayants

Ouf ! Pouf ! Touf ! ça semble cuire

Là-bas de ce côté là de la cuisine

Pas d’amis ! Milles ennemis ! Ombres mortelles !

Villes renversées ! Linteaux enfoirés ! Ruines éternelles !

Souvenir anéanti ! Bonheur perverti !

La fumée monte à peine

Dans ce four où tombent des fruits

N’ayant pas encore mûris !

C’est la terre qui s’en réjouit fort bien

L’homme se masturbe la conscience

Dans ce paradis au fruit défendu.

Mais rassurez-vous chers amis

Nous serons là espérez-le.

Nous ne sommes pas encore morts  de cette vie

Qui nous ruine  pas encore assez vivants

De cette mort qui nous ruine.

Le karcher, c’est vraiment pour les dirigeants!

Mais qui reconstruira en trois jours ground zero ?

Oui malheurs à ceux qui fécondent les guerres

Et se vêtent de vieilles guenilles pour nous tromper

Quand épouses et familles se lavent de pépites d’or

Et les destinataires oubliés et relégués à mourir dans les rues

Pour revendiquer des droits dont leurs maxima ne croient pas

Mais qui rebâtira la nouvelle Jérusalem ?

Personne parce qu’il faudra encore reconnaître le berger

En attendant de reconnaître le vrai berger

Dans le troupeau de nombreux bergers

Peuvent commencer à bâtir  Jérusalem

Quitte à ce qu’elle soit recassée puis rebâtie

En attendant dans la gueule du loup

Ça fait peur !

Ça fait trembler !

Ça fait pleurer !

Ça fait consoler !

Ça fait regretter !

Ça fait remonter !

Ça fait oublier !

Ça fait penser !

Ça fait panser !

Ça fait saigner !

Ça fait mourir !

Ça fait vivre !

Ça fait espérer !

Peur sur le monde!

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